Mobilisation d’évaluations sommatives distribuées pour soutenir des apprentissages durables
Lorsque les évaluations sommatives sont réparties lors d’une année scolaire pour rendre compte de l’apprentissage de certaines unités de matière, elles gagnent à conserver une dimension cumulative.
Il existe un danger lorsque ce caractère cumulatif est absent et que chaque unité peut être évaluée indépendamment des autres. Dans ce cas, l’enseignant mesure une performance de ses élèves après quelques semaines de cours, mais ne dispose pas de réelles preuves d’un apprentissage durable. Un apprentissage durable ne peut avoir lieu qu’à la suite d’un processus de consolidation de plusieurs mois au moins, où la récupération et la rétroaction permettent de lutter contre l’oubli et de renforcer les connaissances.
Il y a un intérêt certain à ce que la dimension cumulative des évaluations sommatives soit bien planifiée tout au long de l’année. Lorsqu’un élève a réussi une unité de matière dans le cadre d’une évaluation sommative en début d’année scolaire, le processus d’apprentissage n’est pas terminé. Les éléments essentiels de cette unité doivent continuer à être l’objet d’une pratique distribuée entremêlée, de devoirs et de quiz formatifs. Les éléments essentiels de ces unités de matière antérieures devraient également constituer des prérequis pour des unités de matière ultérieures. En effet pour qu’il y ait réellement un apprentissage durable, une preuve initiale de performance n’est pas suffisante, les contenus doivent être réinvestis, revisités et approfondis.
De manière générale, il est important que la notion de récupération et de consolidation distribuées soit mûrement réfléchie à l’échelle d’une année scolaire. C’est d’autant plus crucial dans le cadre d’une politique d’évaluation modulaire et distribuée qui fait l’impasse sur des examens cumulatifs en fin d’année scolaire.
L’avantage d’une évaluation sommative distribuée peut être que les élèves vont faire un effort conséquent pour obtenir un niveau de performance initiale élevé, ce qui est favorable pour entamer le processus de consolidation dans la foulée.
Si les dimensions cumulatives et de consolidation ne sont pas intégrées, de nombreux objectifs d’apprentissage ne seront pas réellement atteints par les élèves à la fin de l’année scolaire même s’ils ont tout réussi.
Pour l’enseignant, la première clé de voûte du dispositif est la consolidation qui fait suite aux apprentissages initiaux et permet aux élèves de réviser et de se souvenir de ce qu’ils ont appris.
La seconde clé de voûte est l’information qui peut être extraite de l’évaluation sommative distribuée :
Globalement, si nous nous en tenons à une note chiffrée, il n’y a en réalité que trois issues : l’excellence, la satisfaction et l’insuffisance. Ce résultat quantitatif ne va pas réellement aider à programmer des apprentissages durables.
Il est beaucoup plus intéressant dans cette perspective que les évaluations sommatives aboutissent à une note qualitative. Dès lors, la piste du modèle de la note constructive est à privilégier. Elle permet de fournir un retour d’information précis sur le niveau de maîtrise des différents objectifs d’apprentissage. La note constructive a une valeur ajoutée concrète pour la suite du processus.
Une note qualitative et informative ouvre la voie à un processus de consolidation et assure la continuité des apprentissages dans la logique d’un alignement curriculaire. De cette manière, les difficultés sont directement mises en évidence. Cela évite une réactivité tardive face à des élèves qui accumulent plusieurs échecs quantitatifs avant que la sonnette d’alarme ne soit tirée. Avec la note constructive, ce qui n’est pas encore maîtrisé reste ce qui est à apprendre, et ce qui acte une bonne performance reste à consolider, le tout de manière transparente.
Dans l’ensemble également, l’important est de maximiser le temps que prend l’enseignant à enseigner, à faire apprendre ses élèves, à utiliser son expertise pour mieux guider et à développer des ressources pédagogiques réutilisables. Tout le processus doit être pensé à l’échelle de l’année scolaire.
Dans cette perspective, il n’est pas non plus nécessaire d’assurer une correction détaillée des différentes épreuves sommatives intermédiaires. Ce qui compte, c’est de mettre l’accent sur ce qu’il reste à apprendre et à consolider, et d’y mettre les moyens. Un bon usage du temps investi en classe et hors de la classe est important, à la fois pour les élèves et leurs enseignants. Dans cette vision de l’éducation, le principe de l’évaluation est de pouvoir soutenir les élèves dans leurs apprentissages et les renforcer.