La science de l’apprentissage
Deux citations nous permettent de comprendre la nécessité (pour la première) et l’enjeu collectif (pour la seconde), d’une science de l’apprentissage.
L’optimisation de l’apprentissage et de l’enseignement nécessite souvent d’aller à l’encontre de ses intuitions, de s’écarter des pratiques d’enseignement standard et de gérer ses propres activités d’apprentissage de manière nouvelle. Les essais et erreurs de la vie et de l’apprentissage quotidiens ne semblent pas aboutir à l’élaboration d’un modèle mental précis de l’individu en tant qu’apprenant. Ils ne développent pas plus une appréciation des activités qui favorisent ou non l’apprentissage.
Elizabeth Bjork & Robert Bjork (2011)
La reconnaissance générale du fait que les novices apprennent différemment des experts ou que l’apprentissage implique un changement de la mémoire à long terme crée une puissante lingua franca, un langage commun, à partir desquels toutes les parties prenantes peuvent commencer à évoluer vers une véritable science de l’apprentissage, fondée sur des recherches solides, qui permet à tous les apprenants de maximiser leur potentiel.
Paul A. Kirschner & Carl Hendrick (2020)
La science de l’apprentissage a pour ambition d’aider les élèves à acquérir des stratégies d’apprentissage efficaces. Elle est l’étude scientifique de la façon dont les gens apprennent.
La science de l’apprentissage s’intéresse à la façon dont nous pensons et apprenons. L’établissement de certains principes universels nous aide à enseigner efficacement à l’ensemble des élèves d’une classe, mais également à réfléchir plus clairement aux différences qui existent et qui ont de l’importance.
La science de l’apprentissage fait partie du champ des sciences cognitives, un domaine interdisciplinaire qui s’appuie sur des recherches menées dans différents domaines, notamment la psychologie, les neurosciences, la linguistique et l’informatique.
Si les recherches dans le domaine de l’intelligence artificielle ont dans un premier temps exploré les voies de la logique, elles ont depuis laissé une large place à des approches qui s’inspirent des neurones du cerveau humain. C’est ce qui a permis le développement de technologies comme la reconnaissance faciale, les voitures à conduite autonome ou la traduction des langues. Ces logiciels fonctionnent en reconnaissant des modèles et en apprenant à partir d’exemples, comme le fait le cerveau humain.
La science de l’apprentissage dans un contexte éducatif part avec un handicap certain. La formation des enseignants recouvre très peu les principes mis en évidence par les sciences cognitives reliés à un apprentissage efficace et aux mécanismes de la cognition sur lesquels celui-ci repose :
Les stratégies mises en évidence par la recherche comme étant les plus efficaces ne sont pas systématiquement appliquées en classe dans le cadre des pratiques d’enseignement. Elles ne sont généralement pas non plus mobilisées par les élèves dans le cadre de leurs démarches d’apprentissage autonomes.
Différents mythes et malentendus psychologiques font que régulièrement des approches inefficaces ou contre-productives sont mises en avant et privilégiées, à la fois par les élèves, leurs parents et leurs enseignants.
Si durant les premières années de la scolarité, une bonne part de l’apprentissage a lieu en classe, au fur et à mesure, la part du travail à domicile augmente. Arrivés dans le secondaire l’apprentissage autonome des élèves à domicile devient un complément indispensable à leur travail en classe. La principale difficulté rencontrée par ceux-ci est qu’ils ne bénéficient pas d’une formation aux stratégies efficaces et procèdent dès lors par essai et erreur, à défaut de recevoir les conseils de quelqu’un d’expérimenté. La conséquence est leur incapacité à pleinement exploiter leur potentiel d’apprentissage.