Prendre des notes, la première phase d’un traitement cognitif générateur d’apprentissages
Il est important que les enseignants puissent bien analyser et identifier quels types d’activités et quelles stratégies sont susceptibles de générer un apprentissage pour leurs élèves, dans quelles conditions et à quels moments. De cette manière, ils sont bien à même de guider, d’informer et de conseiller leurs élèves.
L’enjeu est d’éviter le gaspillage des ressources limitées de leurs élèves, en temps et en attention. Nous voulons éviter que les élèves soient dans des situations ou leur activité est surtout occupationnelle ou détournée par différents éléments distracteurs. Ces conditions ne sont pas optimales et ne permettent pas aux élèves d’assurer un engagement cognitif et de générer un traitement de l’information suffisant pour soutenir l’apprentissage.
Recopier directement des informations, que ce soit en classe ou à domicile, peut aider à rester engagé, mais cela n’apportera, en tant que tel, que peu de valeur ajoutée en matière d’apprentissage. Le fait de retranscrire des informations sans les traiter (reformuler, synthétiser, élaborer ou relier) se contente d’activer la boucle phonologique de la mémoire de travail. Une telle démarche n’est pas propice à l’apprentissage. La mémoire à long terme n’est que peu sollicitée, alors qu’elle est centrale pour l’apprentissage.
Nous n’avons pas d’alternative, il nous est impossible d’apprendre efficacement si nous nous trouvons dans un mode de pilotage automatique. Un signe du fait que nous passons en pilotage automatique est d’avoir tendance à être envahi par des pensées contre-factuelles qui font dériver notre attention sur d’autres sujets. Dès lors, si nous pensons régulièrement à des sujets extérieurs aux contenus d’un cours, tout en prenant de notes, il n’y a probablement que peu d’apprentissage effectif en cours.
Dès qu’un élève pense qu’en recopiant simplement son cours ou des résolutions d’exercices, il pourrait faire entrer l’information en mémoire sans plus d’effort, il fait fausse route. Il est beaucoup plus efficace et utile d’éviter de simplement recopier et de plutôt s’engager activement dans un traitement actif par récupération et par élaboration de la matière elle-même.
Pour apprendre, nous devons toujours privilégier un traitement cognitif actif et approfondi de l’information qui inclut des récupérations en mémoire à long terme. Il est primordial que les élèves reformulent les contenus, restructurent, synthétisent, appliquent, récupèrent, élaborent et fassent des liens avec leurs connaissances préalables. De cette manière, l’impact est plus approfondi et prépare le chemin vers un apprentissage durable et flexible.
Toutefois, il convient de respecter une progressivité dans les apprentissages. Les élèves doivent se familiariser avec le vocabulaire, avec la notation, comprendre les concepts et l’utilisation des procédures. Pour cette phase d’initiation et de compréhension, le fait d’écrire est important, copier et apprendre par cœur certains éléments de base est fondamental. En tant que support de cours, pour un enseignant, fournir aux élèves des notes à compléter, qui structurent d’emblée l’information, représente l’option la plus efficace en classe pour soutenir cette phase.
De même, nous ne pouvons directement demander aux élèves d’élaborer et de reformuler à propos de nouvelles connaissances. Après la modélisation par l’enseignant, celui-ci débute par des questions de reconnaissance, puis une fois le stockage assuré en mémoire à long terme, il peut passer à des questions de récupération et d’application. Une fois celle-ci bien engagée, le travail de consolidation peut démarrer et celui-ci procède par des questions d’élaboration et de transfert autour des connaissances, dans le cadre d’un dialogue formatif.