Rendre la note ou l’évaluation réellement constructive en l'associant à une rétroaction élaborée
Crahay (2012) défend l’idée d’une évaluation constructive incluant une rétroaction élaborée. Celle-ci amènerait l’élève à s’investir dans la correction et le suivi de ses erreurs et l’amènerait à compléter ses apprentissages.
En ce sens, le caractère effectivement constructif d’une note ou d’une évaluation ne se vérifierait qu’à travers l’investissement de l’élève dans une rétroaction élaborée qui l’accompagnerait.
Le retour d’information qui accompagne l’évaluation corrigée que récupère l’élève lui indique quoi faire. Le modèle de la note constructive favorise cette démarche.
Par ce biais, un des objectifs de cette rétroaction élaborée serait d’accroitre le sentiment d’autonomie et de contrôlabilité de l’élève sur son apprentissage. L’élève sait ce qu’il lui reste à faire pour progresser. L’enseignant se base sur son expertise pour le guider.
À l’opposé, une note chiffrée ou une correction d’évaluation qui indiquent les erreurs et donnent les bonnes réponses se révèlent être une rétroaction pauvre en information. Elle ne permet pas à l’élève de savoir dans quelles tâches s’investir pour s’améliorer. Elle ne lui indique pas non plus les stratégies à adopter pour réguler ses apprentissages.
Sans une rétroaction élaborée réinvestie effectivement par les élèves, il se peut qu’avec le temps, certains ne maîtrisent pas les acquis de base alors que l’enseignant avance dans sa matière. Cela conduit inévitablement à une amplification des inégalités entre élèves performants et élèves en difficulté (Bloom, 1979).
La note chiffrée et la mise à disponibilité des bonnes réponses permettent de constater et justifier l’acquisition d’un savoir sans aider à le compléter et à le parfaire. Elles contribuent à ce que l’élève attribue son échec à des causes stables et incontrôlables (« je suis nul en maths », « le prof ne m’aime pas »). Elles ne permettent pas de soutenir aisément le besoin de compétence pour les élèves les plus faibles.
La note chiffrée incite les élèves à formuler des attributions causales dysfonctionnelles qui engendrent l’abandon plus rapide d’une activité et peut conduire sur le long terme à la résignation apprise.
La note constructive, associée à une rétroaction élaborée qui guide l’élève dans son processus d’information, permet d’échapper à ces risques.