Semer des graines ou le principe des cercles vertueux en apprentissage autonome
Dans une école, une équipe d’enseignants peut s’investir dans un projet de formation des élèves à l’apprentissage autonome (ou plus spécifiquement à la méthode de travail). La tâche peut paraitre énorme, demander du temps, de l’énergie. Les bénéfices et la valeur ajoutée d’une démarche collective et cohérente ne sont pas nécessairement perçus par tous les intervenants.
Des doutes peuvent s’installer. En fin de compte, pouvons-nous améliorer l’apprentissage autonome de tous nos élèves ? D’une manière qui se traduit par une plus grande efficacité de l’enseignement ?
Il est probablement possible d’aboutir à des résultats consistants. Mais cela peut dépendre de ce que nous considérons comme une amélioration. Il semble probable qu’une amélioration ne se produira pas du jour au lendemain, d’autant plus si elle mise sur des changements de pratiques à la fois des enseignants et des élèves.
Plus encore que certaines compétences spécifiques bien cernées et liées à une matière, les compétences en apprentissage autonome impliquent très probablement une pratique délibérée, répétée et cohérente. Celle-ci gagne à se réaliser dans divers contextes et matières pour apporter une amélioration générale des résultats scolaires et s’installer durablement.
Nous visons à développer de bonnes habitudes de travail chez nos élèves. Cela implique beaucoup de temps, d’accompagnement et de multiples prises de conscience de la part des élèves. Celles-ci sont liées à la valeur de l’effort, à l’importance de la constance et à la capacité de s’investir de manière autonome en adoptant de nouvelles stratégies. Le principal obstacle est que des bénéfices n’apparaitront pas forcément à court terme.
Pour les élèves, la valeur principale de l’engagement dans ces directions est qu’une meilleure gestion du temps par les élèves (qualitative et quantitative) sera liée à l’amélioration des résultats scolaires. Il existe cependant une autre dimension utile. C’est la réduction du stress et le développement d’un meilleur sentiment d’efficacité personnelle.
Tout ceci ne se fait pas du jour au lendemain. Nous faisons le pari de semer des graines, de les faire germer et de soutenir leur croissance. Nous voulons poser les bases de l’établissement d’un cercle vertueux de l’amélioration des compétences en apprentissage autonome. Ce processus pourra prendre toute la scolarité obligatoire des élèves et profitera parfois encore d’un relais dans l’enseignement supérieur.
Nous devons adopter l’idée et la conviction que des petites interventions auprès d’élèves, cohérentes et communes à l’échelle d’une école, peuvent parfois être étonnamment efficaces, lorsqu’elles fonctionnent selon un processus récursif et itératif. Nous installons une boucle de rétroaction positive, avec l’idée que des petites améliorations tangibles faciliteront l’investissement d’efforts pour en obtenir d’autres au fur et à mesure.
Des compétences naissantes en matière de gestion du temps ou de pratique de récupération distribuée, acquises grâce à une intervention peuvent permettre à des élèves d’étudier un peu plus efficacement. Cela devrait se traduire par des notes légèrement meilleures.
L’obtention de ces meilleures notes peut alors renforcer l’intérêt de pratiquer ces compétences d’apprentissage autonome de manière de plus en plus ambitieuse, ce qui conduit à nouveau à de meilleures notes, et ainsi de suite.
La différence après des interventions courtes et ciblées réparties dans le temps peut ne pas être évidente chez certains élèves avant 3 ou 4 ans. La relation entre le développement de compétences liées à la mobilisation de stratégies efficaces en apprentissage autonome et leur impact a cependant le potentiel bien réel de pouvoir progresser et de s’amplifier avec le temps. Ce serait d’autant plus le cas lorsque ce type d’interventions distribuées dans le temps se contextualise à l’intérieur de divers cours.
Une démarche collective des enseignants au sein d’un établissement à toutes les chances de mettre en route ce type d’effet d’amplification. Les principaux bénéfices se révèleront à long terme chez les élèves et indirectement les enseignants eux-mêmes.