Une démarche d’enseignement explicite
L’enseignement explicite peut retrouver certaines de ses racines dans la tradition pédagogique telle que définie historiquement par les Frères des Écoles chrétiennes (enseignement simultané, classe de niveau, etc.). À ce titre, les principes de méthode et les conseils sur la manière de vérifier la compréhension des élèves en classe tels que décrits en 1862 par le Frère Philippe (« Essai de Conduite ») sont surprenants d’actualité. Ils posent nombre de bases de ce que Barak Rosenshine développera bien plus tard sous forme de principes d’instruction à l’aube du XXIe siècle (2010, 2012).
L’enseignement explicite n’est pas un modèle arrêté et strictement délimité. L’enseignement explicite est un ensemble de nombreuses composantes dont les limites peuvent parfois sembler floues. Le modèle de l’enseignement explicite améliore progressivement ses propres composantes en prenant en compte les résultats de la recherche en sciences cognitives, pour les rendre plus efficaces.
Si le guidage de l’enseignant est souvent lis en avant, une dimension tout aussi cruciale est la volonté d’une haute interactivité en impliquant les élèves dans un traitement cognitif et actif soutenu et continu.
Ainsi, nous n’arrivons pas à l’enseignement explicite en un jour, nous y arrivons de manière régulière, étape par étape, par pratique délibérée et il y a probablement toujours moyen de progresser.
Un point fort est que l’enseignement explicite ne présente pas de rupture brutale avec un enseignement traditionnel dont il est avant tout une évolution et une optimisation dans une perspective d’éducation basée sur des données probantes. Souvent par tâtonnements, dans le but de s’adapter aux besoins d’apprentissage de leurs élèves de nombreux enseignants se sont déjà approchés de nombre de ses principes. Il s’agit alors de systématiser, d’associer et d’optimiser les pratiques efficaces.
L’enseignement explicite n’est pas non plus un modèle statique ou figé. Il est une approche qu’il faut adapter aux spécificités de chaque matière, aux caractéristiques des élèves qui forment le groupe classe et à la culture de l’établissement scolaire.
La méthode de l’enseignement explicite est soutenue par la théorie de la charge cognitive qui explique pourquoi elle fonctionne si bien en tenant compte des caractéristiques de notre système cognitif. Plus largement, s’intéresser à l’enseignement explicite amène également à s’intéresser à ses fondements théoriques issus de la psychologie cognitive.
De même, la volonté de rencontrer l’efficacité associée à la mise en œuvre de l’enseignement explicite implique un cadre plus large. Celui-ci prend en compte l’acceptation et la promotion et le soutien de normes de comportement, d’engagement et d’attention chez les élèves. Celles-ci sont d’un niveau souvent plus élevé que celui auquel les enseignants et leurs élèves ont pu s’habituer. De même, l’enseignement explicite se retrouve en concordance avec le concept d’évaluation soutien d’apprentissage.