Un clivage marqué à dépasser entre partisans et opposants aux notes
L’évaluation formative est naturellement associée à la rétroaction. Elle fait l’objet de débats qui portent sur son efficacité pour l’apprentissage et sur ses enjeux pour la responsabilisation des élèves.
Ces débats sont bien plus marqués et tranchés avec l’évaluation sommative qui est intrinsèquement associée à la notion de note quantitative.
Depuis plus d’un siècle, un débat tranché fait rage entre partisans et opposants aux notes avec peu d’avancées.
Selon les opposants des notes, soutenus par une foisonnante littérature en sociologie et en sciences de l’éducation, celle-ci développe notamment les effets négatifs suivants :
Les notes sont un moyen de contrôle des élèves :
L’usage des notes est un levier de pouvoir pour l’enseignant sur sa classe. Les notes sont parfois vues comme un salaire de l’élève selon qu’il apprend bien et qu’il répond aux attentes de son enseignant.
Le poids excessif joué par les notes s’accompagne d’une forme de marchandisation de l’apprentissage. Lorsque chaque activité d’apprentissage lui parait notée, l’élève finit par considérer l’école comme une course d’obstacles plutôt qu’un lieu où l’on apprend et progresse.
Les notes sont un outil de classement des élèves :
Les notes chiffrées sont utilisées au service d’une compétition entre élèves qui contribue à l’exclusion sociale et au renforcement de stéréotypes.
L’usage des notes est un facteur de stress et d’anxiété qui a un impact négatif sur les apprentissages et la motivation des élèves.
Les notes sont un outil au service d’une logique méritocratique et de la ségrégation scolaire. À ce titre, l’usage des notes constitue un outil de reproduction sociale.
Les pratiques qui correspondent à ces arguments ont été bien documentées par des chercheurs. Elles sont malheureusement encore trop présentes. Souvent, dans les faits, la note qui accompagne l’évaluation sommative lorsqu’elle se limite à une valeur chiffrée ou équivalente (symbole, lettre ou couleur) ne délivre aux élèves aucune information intéressante et concrète sur leurs apprentissages.
Selon cette perspective, supprimer les notes, abandonner les notes permettrait de résoudre du moins en partie les problèmes précités.
Selon les partisans des notes, leur usage présente les avantages suivants :
Les notes permettent d’envoyer un message clair aux élèves ou à leurs parents, ce message est d’autant plus riche que les notes sont à haute valeur informationnelle sur la maitrise des objectifs d’apprentissage.
Les notes favorisent l’émulation, certains élèves vont travailler pour obtenir une bonne note. Elles motivent les élèves à se dépasser dans la mesure où elles influencent positivement leur auto-efficacité.
La note prépare les élèves aux exigences de l’enseignement supérieur et du monde professionnel, elle responsabilise les élèves.
Selon cette perspective, supprimer les notes participerait à biaiser les relations entre les parents et l’école et correspondrait à une baisse du niveau d’exigence.
Si nous voulons dépasser cette opposition, il est utile de croiser dans le contexte de l’évaluation les apports et les données probantes de divers champs de recherche. Nous devons pouvoir passer au-delà de biais et de croyances parfois infondées, mais tenaces, qui ralentissent ou bloquent des changements de fond.