Une évaluation formative inscrite dans un modèle d’égalité des acquis
De nombreuses disciplines s’intéressent à l’évaluation : les sciences de l’éducation, la psychologie cognitive, la psychologie sociale, la sociologie, de même que l’ensemble des didactiques des disciplines enseignées à l’école.
Dans le cadre scolaire, les deux dimensions principales de l’évaluation sont la fonction sommative et la fonction formative. Mais l’évaluation peut également avoir d’autres fonctions. Elle peut être certificative, externe, diagnostique, normative ou prendre la forme d’une pratique de récupération.
L’évaluation peut évaluer le niveau des élèves d’une ou plusieurs classes dans leur ensemble. Elle peut s’intéresser à l’impact d’enseignants, d’écoles ou des systèmes éducatifs. Cependant, les deux dimensions qui concernent le plus la dimension scolaire sont celles qui recouvrent les fonctions sommative et formative.
Dans sa dimension sommative, l’évaluation est souvent conçue comme un bilan qui suit un enseignement et des apprentissages liés. Dans cette optique, elle permet de vérifier si les apprentissages visés sont acquis.
Dans sa dimension formative, qui nous préoccupe ici, l’évaluation se déroule en cours d’apprentissage :
Elle délivre un retour d’information et permet de procéder à des ajustements ou des régulations de l’action des enseignants et des élèves.
Elle consiste à faire le point en cours d’apprentissage d’une notion ou d’une compétence, à informer l’élève et l’enseignant de ce qui est déjà acquis, connu, et de ce qu’il lui reste à acquérir, développer, approfondir.
Lorsque l’enseignant constate des difficultés chez ses élèves lors de l’évaluation formative, il peut ajuster ou différencier son enseignement pour tenter de les surmonter. Elle rend l’enseignement adaptatif et permet d’introduire de la différenciation.
Scallon (1988) a défini l’évaluation formative de la manière suivante. « L’évaluation formative est un processus d’évaluation continue ayant pour objet d’assurer la progression de chaque individu dans une démarche d’apprentissage, avec l’intention de modifier la situation d’apprentissage ou le rythme de cette progression, pour apporter (s’il y a lieu) des améliorations ou des correctifs appropriés ».
Comme l’écrit Allal (2008), l’évaluation formative, dès l’origine, ne se résume pas à une prise d’informations. Elle vise l’adaptation des activités d’enseignement et d’apprentissage afin de favoriser la progression des apprenants vers les objectifs de formation.
L’évaluation formative est donc conçue d’emblée comme une évaluation au service de l’apprentissage, au bénéfice de chacun des élèves. Elle est intrinsèquement liée au postulat d’éducabilité (fondé pour une large part sur les travaux de Carroll (1963) et de Bloom(1979)). Tous les élèves sont capables de maitriser des objectifs d’apprentissage pour autant qu’on leur accorde le temps nécessaire et un enseignement de qualité.
L’évaluation formative s’inscrit en rupture avec le modèle méritocratique de l’égalité des chances pour prôner un modèle d’égalité des acquis. La maitrise des objectifs fondamentaux est visée pour tous les élèves.
Dans ce modèle, l’évaluation formative et la rétroaction sont les instruments de pilotage qui permettent de repérer les difficultés et les erreurs, d’ajuster et de différencier l’enseignement, les activités et le rythme. Elles permettent d’amener un maximum d’élèves vers la réussite.