Vers une culture intégrée l’évaluation formative
La pratique de l’évaluation formative impose des contraintes qui doivent être permises par la culture et le fonctionnement de l’établissement scolaire concerné. Par exemple, un trop grand accent sur l’évaluation sommative peut être un frein au déploiement de pratiques propres à l’évaluation formative. Il importe dès lors que les enseignants soient formés aux principes de mise en œuvre d’une évaluation formative, et que les élèves et leurs parents y soient sensibilisés.
La mise en œuvre de critères d’évaluation et une optimisation des effets de l’évaluation formative nécessitent l’établissement de processus et d’échanges par une contractualisation entre l’enseignant et les élèves. Celle-ci prend forme par le biais d’un document d’intentions pédagogiques.
L’évaluation nécessite également d’instaurer des entretiens d’évaluation sous une forme ou une autre, individuels et idéalement collectifs. Instaurer un temps de mise en confiance où les apprenants peuvent évoquer où ils en sont à l’issue d’évaluations formatives et dans la perspective de l’arrivée de l’évaluation certificative. L’utilisation de questionnaires d’autoévaluation peut à ce titre être utile.
Nous permettons et incitons les élèves à prendre conscience des stratégies que les autres utilisent et mettent en place. Nous favorisons ainsi leur métacognition et nous les amenons à porter un regard réflexif sur leurs activités afin de se remettre en question. Les élèves doivent être formés en ce qui concerne les stratégies d’apprentissages efficaces mises en évidence par la psychologie cognitive afin de tirer le meilleur profit de l’évaluation formative. Un enseignement explicite des stratégies d’apprentissage autonome est utile à ce titre.
La logique de l’évaluation formative déborde plus largement sur l’évaluation sommative dans la logique de l’alignement curriculaire et du modèle de la note constructive.
Interroger une seule fois par le biais d’une évaluation sommative sur des connaissances et compétences dans une matière permet de mesurer une performance, mais ne suffit pas à établir un apprentissage durable. Dans cette logique de fonctionnement, il faudrait considérer au minimum, après un délai raisonnable, une seconde évaluation sommative si la compétence n’est pas acquise lors de la première évaluation. Une évaluation sommative qui se solde par un échec est en quelque sorte une évaluation formative qui pointe le travail qui reste à accomplir et les besoins de remédiation avant une nouvelle évaluation sommative.
L’évaluation formative renforce une culture de l’évaluation dans laquelle les enseignants et la direction se servent des informations sur les élèves pour générer de nouvelles connaissances sur ce qui fonctionne et pourquoi cela fonctionne. Les enseignants partagent leurs connaissances avec leurs collègues et développent leurs capacités à répondre à un éventail plus large de besoins et de difficultés d’apprentissage. Par exemple, des défaillances de méthode de travail dans une branche sont corrélées à des difficultés dans l’une ou l’autre branche et donc les solutions à mettre en place deviennent transversales.
Une culture de l’évaluation intégrant pleinement la dimension formative renvoie à l’élaboration d’un langage commun concernant les objectifs de l’apprentissage et un enseignement adaptatif. Elle correspond à une conception partagée des buts et moyens de l’évaluation formative pour répondre à ces enjeux.
Dans l’idéal, les informations recueillies dans le cadre de l’évaluation formative servent à éclairer les stratégies d’amélioration à chaque niveau du système éducatif :
Au niveau des classes, les enseignants recueillent des informations sur les acquis des élèves et adaptent leur enseignement pour répondre aux besoins d’apprentissage identifiés.
Au niveau des établissements, les équipes de direction se servent des informations pour déterminer les forces et les faiblesses et concevoir des stratégies d’amélioration à l’échelle de l’école.
Le cadre général de l’évaluation formative permet aux enseignants de mieux organiser leur réflexion sur l’apprentissage des élèves. Ils sont amenés à s’informer de façon plus ciblée sur les méthodes basées sur des données probantes pour améliorer l’apprentissage des élèves.
Les enseignants gagnent en expertise et en efficacité lorsqu’ils attachent une attention particulière à leur impact sur l’apprentissage des élèves et tâchent de l’améliorer.